Au Québec, on a voté OUI au référendum de 1919!

Le 10 avril 1919, le oui l'emporte à 78,62 % des voix exprimées

Le gouvernement libéral dirigé par Lomer Gouin invite la population à se prononcer sur la légalité de la vente du vin et de la bière au Québec. Les résulats sont éloquents alors que les tenants de la prohibition sont défaits par une majorité écrasante.


Quelques membres de la Corporation de développement économique de Sutton ont profité de cet événement spécial pour venir visiter l'expo PROHIBITION en dehors des heures d'ouverture de leur commerce. Photo : Richard Leclerc
Il est intéressant de souligner que plusieurs villes, dont Québec, qui se sont prononcé pour la prohibition peu de temps auparavant, appuient maintenant de façon non équivoque la vente de bière et de vin sur le territoire québécois. En fait, selon l'édition du «Devoir» du 11 avril 1919, seulement sept comtés du Québec, tous ruraux, ont appuyé la prohibition : Compton, Brome, Richmond, Stanstead, Dorchester, Huntingdon et Pontiac. Ce résultat ne signifie pas que la vente d'alcool sera acceptée partout puisque les villes qui ont déjà tenu des consultations populaires favorables à la prohibition sont tenues de respecter leurs lois jusqu'à ce qu'elles soient modifiées. Dans le cas de Québec, par exemple, il faudra attendre encore plusieurs années. Toujours dans «Le Devoir», Georges Pelletier explique de la façon suivante les résultats décisifs du 10 avril : «La façon dont la campagne s'est faite, l'abstention presque totale du clergé catholique et des sociétés de tempérance canadienne-française, l'isolement du groupe prohibitionniste de langue anglaise, la presque unanimité des journaux en faveur de l'essai d'un régime de prohibition modérée, l'exemple des autres provinces où la prohibition absolue, malgré toute la sévérité de la surveillance gouvernementale, n'a pu empêcher des excès alcooliques patents, le sentiment de la majorité des électeurs qui tiennent à la liberté pourvu qu'elle ne dégénère pas en licence, tant cela et bien d'autres causes ont influé sur l'issue finale du référendum.» Soulignons que depuis janvier 1919, le 18e amendement à la Constitution américaine (Volstead Act) fait des États-Unis un territoire sec. On estime néanmoins qu'entre 1920 et 1933, année où le gouvernement américain mettra fin à la prohibition, de 22 à 45 millions de litres de spiritueux traverseront illégalement la frontière canadienne.

Source : Bilan du siècle, Université de Sherbrooke
En référence: Le Devoir, 10 avril 1919, p.3 et 11 avril 1919, p.1 et 3.
En complément: Robert Prévost et al., L'histoire de l'alcool au Québec, Québec, Société des alcools du Québec, 1986, 239 pages. Robert Rumilly, Histoire de la province de Québec: succession de Laurier, XXIV, Montréal, Chantecler, 1940, p.41-52. Don Gilmour, Achille Michaud, Pierre Turgeon, Le Canada: une histoire populaire de la Confédération à nos jours, Saint-Laurent, Fides, 2001, p.134.

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